Chaque lycée possède sa propre histoire, ses propres secrets, ses élèves, ses enseignants particuliers et le lycée de Cornouaille n'y fait pas exception à la différence près qu'il est envahi par des fous. Il n'est pas négligeable que, comme dans d'autres lycées, les littéraires soient en guerre contre les scientifiques et c'est sur la base de cette guerre que commence cette histoire. Kane est une élève de terminale littéraire et se demande souvent à quoi rime cette "guerre".
La première chose que l'on demande à une personne quand on cherche à la conaitre ce n'est certainement pas quelle section elle a choisi, à quelques exceptions près, aussi Kane a-t-elle découvert après plusieurs mois que ses amies Cameloth, Milie, Kanna, Maurin, Lizou et Gali étaient des scientifiques. Bien sur elle trouvait cela étrange qu'on puisse ne pas souhaiter détourner la tête devant une ligne de chiffres mais si c'était leur choix c'est qu'elles avaient leurs raisons et bien qu'elle ne comprenne pas elle accepta ce fait sans aucune difficulté, se disant qu'elles pensaient la même chose de leur coté.
Ces scientifiques amicales prouvaient à Kane qu'il y avait dans les deux camps des personnes respectables et elle ne tomba pas dans les préjugés habituels qui consistaient à élever des sections à un rang dit superieur pour mieux en descendre d'autres. Entre les deux "camps" se trouvaient les STT dont la douce mais déjantée Kaigan faisait partie sans oublier Sarah surnommée affectueusement "
" par Kane. Tout ce beau monde avait élu l'aquarium comme quartier général s'y rendant plus ou moins régulièrement.
L'aquarium c'était le lieu favori de Kane, cette petite pièce rarement vide réunissait une poignée d'élèves dont elle appréciait la plus grande partie. Les "habitants" de cet endroit étaient appellés les "aquariaunotes".Elle se souvenait parfaitement du jour où Mme Dupré, professeur de français surnommée "Dupréssion" s'était approchée d'elle avant d'entrer dans les lofts et lui avait demandé si elle pouvait lui poser une question indiscrète. Kane s'était demandé de quoi il pouvait bien s'agir et son professeur la questionna sur la raison qui faisait que les élèves étaient toujours dans l'aquarium. Kane répondit en souriant que c'était le Q.G et qu'on y préparait des complots. Elle ignorait alors à quel point elle avait raison.
Mme Noury, professeur de philosophie et surnommée "La Nappe" se rendait ce jour là comme tous les jours dans la salle fumeurs du lycée. Elle alluma sa cigarette et rendit le briquet qu'elle avait emprunté à Christian Muller, professeur d'arts plastiques aussi appellé "Kiki". Elle repoussa une mèche de cheveux qui venait de lui tomber devant les yeux. Apparament la discussion tournait autour d'une prochaine sortie scolaire de la terminale 1L. La porte était restée ouverte et "La Nappe" en profita pour observer un coin de ciel bleu. Elle n'aimait pas l'avouer mais c'était ces petits plaisirs anodins qui la mettaient de bonne humeur.
La sonnerie retentit, "La Nappe" fit mine d'etre surprise mais ne bougea pas, elle considérait que réagir brusquement à une sonnerie signifiait un asservissement à son travail et par conséquent une sorte d'aliènation. Au bout de cinq minutes elle daigna se lever en compagnie de ses deux collègues de philosophie. Tout en parlant elle se dirigea vers sa salle de cours, s'arretant de temps à autre pour ne pas etre trop en avance. Kane et son amie Line s'étaient souvent demandé si etre en retard était une déformation professionelle des professeurs de philosophie.
Line était une jeune fille énergique et son énergie peu canalisable. Quand quelque chose la tourmentait il était impossible de lui faire penser à autre chose. Si Line devait etre comparée à un objet elle serait sans aucun doute comparée à un livre qui s'ouvre ou se ferme selon la situation et qui ne délivrera jamais tous ses secrets. Il est permis de lire entre les lignes, de tenter des analyses mais la part d'ombre est connue d'elle seule, elle est l'unique personne qui possède la clef de l'univers fantastique qui est en elle. La comparaison au livre n'est pas anodine, Line est une littéraire et adore écrire, ce qu'elle fait très bien d'ailleurs notament les poèmes.
Line arriva épuisée dans l'aquarium après les deux heures de sport hebdomadaires, elle s'assit sur l'une des tables qui se trouvaient contre le mur et soupira. Kane s'assit en face d'elle au moment où Julien entrait et rejoignait Nani. Malite retira les écouteurs du balladeur mp3 de ses oreilles :
- Kane ? demanda-t-elle en souriant, tu n'aurais pas, par hasard, apperçue la clémentine qui se trouvait là il y a quelques secondes ?
Kane fit non de la tête, tenant dans ses mains les deux derniers quartiers. Malite lui sauta dessus et tenta de les récupérer mais elle obtint seulement une sorte de confiture qui lui colla aux doigts. Kane et Malite éxplosèrent de rire face à cette scène presque quotidienne.
Dans ce petit monde bien rangé se préparait une guerre sans précédent. Le gouvernement français venait de décider la fermeture de plusieurs classes littéraires l'année suivante pour cause d'un manque d'effectif de scientifiques et surtout de médecins en formation. Les tensions déjà présentes à Cornouaille s'intensifiaient de jour en jour, un début d'incendie s'était meme déclaré dans le bureau des surveillants. La panique maximum fut atteinte lorsqu'un vendredi matin, on érigea un périmètre de sécurité infranchissable autour du lycée. Les élèves n'en croyaient pas leurs yeux : même le ciel était à présent une barrière à cause des hélicoptères qui y tournoyaient. Aucune information sur les causes de cet isolement soudain ne fut communiqué mais personne ne tenta de fuir : l'armée guettait.
Kane se précipita en haut des marches qui menaient à la salle d'arts plastiques. Le micro demandait à présent aux élèves littéraires de se rendre dans les salles 13, 14 et 20 et dans les salles de permances accompagnés des élèves de STT tandis que les scientifiques et les ES rejoignaient les salles de devoir de l'autre batiment. Le plus surprenant c'était que les professeurs devaient également suivre cet ordre.